9.12.11

MARTIN CHAMBI - PHOTOGRAPHE


La visite de Montevideo a été pour moi la découverte de ce photographe péruvien MARTIN CHAMBI et une exposition de ses photos des années 1920 à 1950.
Voici un texte écrit par l'écrivain Vargas Llosa qui avait une très grande admiration pour ce photographe très peu connu dans son pays et qui pourtant fut un très grand photographe.
Il est très difficile de trouver un livre sur ses photos , c'est pourquoi je les ai photographiées dans cette exposition malgré la vitre et les spots qui se reflètent sur la vitre. Ceci afin de faire connaître les photos extraordinaires de ce photographe.
On le voit dans un auto portrait dans cette série de photos.
Cette exposition se tenait au MAPI Musée de Arte Precolombiano e indigena de Montevideo.



































TEXTE DE VARGAS LLOSA qui figure dans le livre consacré à l'oeuvre de ce photographe :


Riche de quelque 30 000 clichés de qualité exceptionnelle, l’oeuvre méconnue de Chambi a mis à nu la complexité sociale du monde andin. L’écrivain péruvien Mario Vargas Llosa fait part, dans ce texte, de sa profonde admiration pour l’un des plus grands artistes de son pays.

"La lointaine contrée dans laquelle Martín Chambi est né [le département de Cuzco, qui fut le centre historique de l’Empire inca] a donné pas moins d’une demi-douzaine de créateurs admirables. Leurs oeuvres sont les fruits d’une vision large et sans oeillères de l’humain, qui viennent enrichir l’expérience universelle. Martín Chambi, maître de la photographie, fait partie de ceux-là. Contrairement à d’autres membres de ce club si exclusif - tels l’Inca Garcilaso de la Vega [chroniqueur de la fin du XVIe siècle, fils d’une princesse inca et d’un conquistador espagnol] ou César Vallejo [poète péruvien mort à Paris en 1938] - dont les oeuvres virent le jour surtout à l’étranger, dans des milieux plus aisés et plus stimulants, Chambi a réalisé son oeuvre monumentale dans une région pauvre et montagneuse du Pérou.
Par ses efforts, son imagination et sa détresse, par son génie, il a transcendé les restrictions qui en découlaient. Dire qu’il fut un pionnier tombe sous le sens, mais c’est insuffisant car l’oeuvre qu’il a laissée prouve, par sa cohérence, par son originalité, par sa pénétration dans les entrailles d’un monde et par sa richesse visuelle, qu’il s’agit d’une oeuvre fondatrice ayant permis à l’art photographique de son pays d’acquérir un rayonnement international.
Né en 1891 dans un village de l’altiplano, près de Puno, dans une famille de paysans, Chambi fut amené par un heureux hasard, alors qu’il était encore enfant, à travailler dans une mine de la cordillère de Carabaya. De toute évidence, c’est là que, pour la première fois, il vit (entre les mains d’un employé de l’entreprise) un appareil photographique.

Cette rencontre eut des conséquences considérables sur la vie du garçonnet et sur l’histoire de la photographie. Dans le Pérou de l’époque, la photographie n’était qu’un travail technique. Grâce à Chambi, elle allait commencer à devenir investigation et inspiration, intuition et ambition.
C’est-à-dire création. C’est-à-dire art. C’est à Arequipa, dans le studio du grand photographe local - le studio Vargas, où toutes les familles de la classe moyenne et aisée de la "ville blanche" se faisaient tirer le portrait -, que Chambi fit ses premières armes. Mais sa carrière prit toute son ampleur à Cuzco, où il s’installa au début de 1920. Jusque dans les années 50, date à laquelle il mit fin à son activité (alors qu’il vécut jusqu’en 1973), il développa une créativité très féconde. De son regard insatiable, on peut dire qu’il a tout saisi. Sa curiosité, qui était inépuisable, le conduisit à explorer d’un bout à l’autre cette région petite et intense, chargée en Histoire et en drames sociaux.

1 commentaire:

la guilde graphique a dit…

c est merveilleux, merci.