31.12.12

Lecture : Polynie - Mélanie Vincelette

Petit résumé :
Rosaire et son frère Ambroise vivent dans le cercle Arctique à deux jours de traîneau l'un de l'auteur. Rosaire est un jeune avocat international. Ambroise, lui, a été embauché comme cuisinier à la mine. Un jour, alors qu'il prépare un repas pour les mineurs, Ambroise apprend la mort étrange de son frère retrouvé par une prostituée dans sa chambre du Cercle Polaire. Cette prostituée, Lumi, est aussitôt soupçonnée. Mais en se rendant sur place, Ambroise retrouve un carnet dans les affaires de son frère. Carnet dans lequel Rosaire avait entrepris de retracer l'histoire d'un de ses ancêtres qui aurait prouvé qu'un chinois avait découvert l'Amérique avant Christophe Colomb.

Les Chinois ont-ils découvert l'Amérique?
Dans Polynie, on n'est pas dans le Grand Nord pour faire joli et original, c'est en fait un roman d'une grande actualité. En cela alimenté par des informations de première main, puisque le frère de Mélanie Vincelette est cuisinier dans une mine - comme Ambroise - à Marie River. Il lui raconte un paquet d'anecdotes sur la vie quotidienne dans l'Arctique, si particulière en raison de l'isolement et des conditions exceptionnelles de la nature.
Ce penchant pour l'aventure est un trait de famille. Mélanie Vincelette a grandi avec ses deux frères «dans le bois», sans télévision, élevée par un père chasseur qui les faisait dormir dans les peaux de lièvres. Son imaginaire se nourrissait des récits de son oncle, exilé dans une mine lui aussi, en Colombie-Britannique, et qui leur envoyait des enregistrements sur cassette en guise de lettre. «Pour moi, c'était magique, extraordinaire, se souvient-elle. J'ai toujours été habitée par cet esprit d'aller au Nord pour trouver une vie meilleure et devenir riche.»
C'est le grand rêve de ce territoire qu'apprécie Mélanie Vincelette, qui compare dans son roman la vie en Amérique et en Europe aux grands vins. «En France, c'est le terroir qui nous définit et nous dit qui l'on est, alors qu'ici, ce sont des vins d'accomplissements», note-t-elle. D'ailleurs, il y a tout dans Polynie pour nourrir les désirs exotiques du public français, qui découvrira le roman peu de temps après nous, puisque la sortie est prévue pour le Salon du livre de Paris. Dans la foulée, Crimes horticoles, le précédent roman de Mélanie Vincelette, sort dans la collection Points du Seuil.
Mais il y a une réalité en rien exotique du Grand Nord, qui défraie de plus en plus la chronique après avoir été longtemps ignorée. Aux premières loges du réchauffement climatique, il est aussi devenu un espace convoité par les grandes puissances, puisqu'il est rempli de richesses.
«Les Russes viennent en drones dans notre ciel, ils ont planté un drapeau dans le fond de l'océan, AcelorMittal vient d'acheter une mine pour quelques milliards de dollars, le sous-sol du Nunavut n'appartient pas aux Inuits... Le Nord, on le brade, c'est un vrai Far-West.» Et, tient-elle à préciser, c'est la réalité des Blancs installés au Nord qu'elle décrit dans Polynie.
En guise de clin d'oeil sur la potentialité explosive de cette vaste étendue au-dessus de nos têtes, l'écrivaine mentionne aussi la découverte d'une carte maritime prouvant qu'en fait, ce sont les Chinois qui ont découvert l'Amérique...