Hier au soir j'ai vu un petit bijou de film et je vous joint une critique parue dans le monde l'an dernier ( le film etait sur TFO ce mercredi):
Ce film nous vient du diable vauvert et connaît un succès spectaculaire en Italie. Son auteur, Gianni Di Gregorio, jusqu'alors assistant, scénariste, y raconte une histoire en grande partie autobiographique, avec la faconde bonhomme d'un Ugo Tognazzi ou d'un Nino Manfredi.
Tourné dans son propre appartement du quartier du Trastevere, à Rome, dans des conditions artisanales proches du néoréalisme, avec des comédiennes amatrices et parfois une caméra cachée, produit par Matteo Garone (l'auteur de Gomorra), le film nous renvoie sciemment dans un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître.
Ce temps est celui des protagonistes : un type de 50 ans qui ne rate pas une occase pour siroter un verre de chablis, vit avec sa mère possessive et règle tous les problèmes d'intendance : cuisine, ménage, courses. Tous les soirs, Gianni lit un passage des Trois Mousquetaires à sa génitrice pour l'endormir, lui parle de d'Artagnan. Ces gens-là ont des dettes, l'épicier leur fait crédit, ils ne payent plus les charges de la copropriété depuis des lustres. Va-t-on les faire expulser ? Le syndic a une idée plus conviviale. Partant avec sa maîtresse pour le 15 août, il propose à Gianni d'accueillir sa propre mère deux jours, arrangements financiers à la clé.
Gianni se retrouve donc avec sa mère, celle du syndic, plus la tante du syndic refourguée en prime, ainsi que la mère du médecin venu implorer un dépannage. Quatre mamies à gérer, à prétendu appétit d'oiseau et si dociles de caractère ! Quatre nonagénaires capricieuses qui se disputent la télé et profitent de l'aubaine pour ignorer leur régime alimentaire.
C'est autour de la table que se tissent des liens indéfectibles. Autour d'un fabuleux gratin de pâtes, dont la recette est l'objet de polémiques. Gianni est aux fourneaux, s'occupe du lit pliant et du canapé du salon, chante une berceuse, touille des somnifères dans les camomilles... On n'en contera pas plus.
Quant à l'auteur, qui cherchait vainement l'acteur susceptible d'interpréter le rôle principal, il confesse : "Alors que j'expliquais à l'équipe qu'il fallait trouver un homme d'âge mûr, plus ou moins alcoolique, ayant vécu des années avec sa mère, tous les visages se sont tournés vers moi."
Crtique - cinéma "Le Monde"
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